Votre chienne stérilisée semble uriner plus fréquemment que d'habitude, montrant des signes de pollakiurie ? Avez-vous remarqué des difficultés ou des signes de douleur lors de la miction, indiquant une possible dysurie ? Il se pourrait malheureusement qu'elle souffre d'une infection urinaire, un problème de santé courant. Bien que les infections urinaires soient courantes chez les chiennes, la stérilisation, ou ovariectomie, peut jouer un rôle important dans leur développement et leur prise en charge. Il est donc crucial de bien comprendre ce phénomène pour assurer le bien-être de votre animal et la maintenir en pleine forme.
Les infections urinaires, aussi appelées infections du tractus urinaire (ITU), affectent la vessie, l'urètre, et dans certains cas, peuvent même atteindre les reins, engendrant potentiellement une pyélonéphrite. Ces infections bactériennes sont souvent douloureuses et très inconfortables pour votre chienne, impactant sa qualité de vie. Une prise en charge rapide et un traitement adapté sont essentiels pour éviter des complications plus graves, telles que des lésions rénales permanentes ou une septicémie.
Comprendre le système urinaire féminin et l'impact de la stérilisation
Pour bien comprendre pourquoi les chiennes stérilisées sont plus susceptibles de développer des infections urinaires à répétition, il est essentiel d'avoir une connaissance basique du système urinaire canin et des changements physiologiques induits par la stérilisation, notamment la baisse des hormones sexuelles. Le système urinaire de votre chienne est un système complexe et sophistiqué, responsable de l'élimination efficace des déchets métaboliques du corps via la production et l'excrétion d'urine, ce qui contribue au maintien d'un équilibre interne sain, appelé homéostasie. La stérilisation, bien qu'ayant de nombreux avantages reconnus pour la santé globale de votre chienne, peut impacter ce système de manière significative, rendant certaines chiennes plus vulnérables aux infections urinaires.
Anatomie succincte du système urinaire de la chienne
Le système urinaire de la chienne est composé de quatre organes principaux, chacun ayant une fonction spécifique et essentielle au bon fonctionnement de l'ensemble. Les reins, au nombre de deux, agissent comme des filtres sophistiqués, filtrant le sang et produisant l'urine, chargée de déchets et d'eau en excès. Les uretères, de fins conduits, transportent l'urine des reins à la vessie grâce à des contractions musculaires. La vessie, un organe creux et élastique, stocke l'urine jusqu'à ce qu'elle soit éliminée. Enfin, l'urètre, un canal, conduit l'urine de la vessie à l'extérieur du corps lors de la miction. Une perturbation du fonctionnement normal de l'un de ces organes, qu'elle soit d'origine infectieuse, inflammatoire ou obstructive, peut conduire à une infection urinaire, nécessitant une intervention vétérinaire rapide.
Comment la stérilisation affecte le système urinaire
La stérilisation, ou ovariectomie (ablation des ovaires), ou ovariohystérectomie (ablation des ovaires et de l'utérus), entraîne une diminution significative des hormones sexuelles femelles, principalement des œstrogènes, mais aussi de la progestérone. Cette diminution hormonale peut avoir plusieurs conséquences directes et indirectes sur le système urinaire de la chienne. Les œstrogènes jouent un rôle crucial dans le maintien de la santé, de l'élasticité et de l'épaisseur de la paroi de l'urètre et du vagin, assurant une bonne résistance aux agressions extérieures. La stérilisation peut donc rendre ces structures plus fines, plus sèches et plus vulnérables à la colonisation bactérienne et aux infections. De plus, la stérilisation peut affecter la tonicité et la capacité du sphincter urétral, un muscle circulaire qui contrôle la fermeture de l'urètre, à se contracter correctement, ce qui peut entraîner une incontinence urinaire d'origine hormonale, favorisant la stagnation d'urine et les infections.
Diminution des œstrogènes
La diminution des œstrogènes après la stérilisation a deux conséquences principales et interdépendantes. Premièrement, elle provoque un amincissement progressif de la paroi urétrale et vaginale, un phénomène appelé atrophie urogénitale, ce qui la rend plus susceptible d'être colonisée et infectée par des bactéries opportunistes. Cette paroi, fragilisée et moins bien vascularisée par le manque d'œstrogènes, offre un terrain plus favorable à la prolifération bactérienne et donc, à l'établissement d'une infection urinaire. Deuxièmement, et souvent en conséquence, elle peut entraîner une incontinence urinaire d'origine hormonale, également appelée incontinence post-ovariectomie ou incontinence liée à la privation œstrogénique. Cette incontinence, caractérisée par des fuites involontaires d'urine, surtout pendant le sommeil ou lors d'efforts, favorise grandement les infections urinaires car l'urine stagnante dans la région génitale crée un environnement humide, tiède et riche en nutriments, idéal pour la croissance et la multiplication des bactéries pathogènes.
Modification de la flore bactérienne urinaire
La flore bactérienne urinaire, autrefois considérée comme stérile, est en réalité un écosystème complexe et dynamique de micro-organismes, principalement des bactéries, naturellement présents dans l'appareil urinaire des chiennes, y compris celles qui sont stérilisées. Chez une chienne en bonne santé, ces bactéries coexistent de manière équilibrée, les "bonnes" bactéries empêchant la prolifération excessive des bactéries potentiellement pathogènes. La stérilisation, en modifiant l'environnement hormonal et l'immunité locale, peut perturber cet équilibre délicat, favorisant la prolifération de bactéries pathogènes, c'est-à-dire celles qui ont la capacité de causer des maladies et des infections. Par exemple, une diminution des lactobacilles, des bactéries bénéfiques qui acidifient l'urine et empêchent la fixation d'autres bactéries, peut permettre à des bactéries comme *Escherichia coli* de se développer sans contrôle et de provoquer une infection urinaire symptomatique.
Facteurs de risque liés à la stérilisation
Plusieurs facteurs liés à la stérilisation, ou à son contexte, peuvent influencer de manière significative le risque de développer une infection urinaire chez la chienne. L'âge auquel la chienne est stérilisée peut avoir un impact sur le développement et la maturation du système urinaire, en particulier si la stérilisation est réalisée avant la puberté. Certaines races, en raison de leur prédisposition génétique, sont plus sujettes à l'incontinence urinaire ou à des anomalies anatomiques des voies urinaires, ce qui, comme mentionné précédemment, peut augmenter considérablement le risque d'infection urinaire. Il est donc essentiel de discuter de ces facteurs de risque individuels avec votre vétérinaire traitant, afin de mettre en place des mesures préventives adaptées.
- Âge de la stérilisation : La stérilisation précoce, avant l'âge de 6 mois, peut potentiellement affecter le développement du système urinaire et augmenter le risque d'incontinence.
- Race : Certaines races, comme le Boxer, le Dobermann, le Rottweiler ou le Berger Allemand, présentent une plus grande prédisposition génétique à l'incontinence urinaire, augmentant ainsi indirectement le risque d'infections urinaires récurrentes.
- Poids : Les chiennes en surpoids ou obèses ont plus de chances de développer une incontinence urinaire, ce qui accroît le risque d'infections.
Causes fréquentes des infections urinaires chez les chiennes stérilisées
Bien que la stérilisation crée un environnement plus favorable aux infections urinaires, en particulier en raison de la baisse des œstrogènes, d'autres facteurs peuvent également être impliqués et contribuer au développement de ces infections. Les infections bactériennes restent la cause la plus fréquente des infections urinaires canines, mais les calculs urinaires, les anomalies anatomiques congénitales ou acquises, les maladies sous-jacentes non diagnostiquées ou mal contrôlées, et les facteurs environnementaux ou liés au style de vie de la chienne peuvent également jouer un rôle important. Il est donc crucial d'identifier la cause précise de l'infection pour mettre en place un traitement ciblé et efficace, minimisant le risque de récidives.
Infections bactériennes
Les infections bactériennes représentent la grande majorité des infections urinaires chez les chiennes stérilisées, représentant environ 70 à 80% des cas. La bactérie *Escherichia coli* (E. coli), un hôte normal du tube digestif, est l'agent pathogène le plus fréquemment isolé lors des analyses d'urine, étant responsable d'environ 50% des infections. D'autres bactéries, telles que *Staphylococcus*, *Proteus*, *Klebsiella* ou *Enterococcus*, peuvent également être responsables de ces infections, en particulier si la chienne a déjà reçu des antibiotiques. Les bactéries pénètrent généralement dans la vessie par l'urètre, remontant contre le flux normal d'urine, et colonisent la paroi vésicale, adhérant aux cellules épithéliales et provoquant ainsi une inflammation locale et une infection. Une des manières dont ces bactéries peuvent pénétrer dans l'urètre est via la zone périanale, si celle-ci n'est pas correctement nettoyée, surtout en cas de diarrhée ou d'incontinence fécale.
Calculs urinaires (urolithiases)
Les calculs urinaires, ou urolithiases, sont des masses minérales dures et cristallines qui se forment dans les voies urinaires, que ce soit dans les reins, les uretères, la vessie ou l'urètre. Il existe différents types de calculs urinaires, en fonction de leur composition minérale, les plus courants étant les calculs de struvite (phosphate ammoniaco-magnésien) et les calculs d'oxalate de calcium. Ces calculs, en raison de leur surface rugueuse et de leur taille variable, peuvent irriter mécaniquement la paroi de la vessie et provoquer une inflammation chronique. De plus, ils peuvent bloquer partiellement ou complètement l'écoulement de l'urine, créant ainsi un environnement stagnant, idéal pour la prolifération bactérienne et le développement d'infections urinaires secondaires. Une alimentation déséquilibrée, riche en certains minéraux ou pauvre en eau, peut favoriser la formation de calculs urinaires chez les chiennes prédisposées.
- Les calculs de struvite sont souvent associés à des infections urinaires causées par des bactéries dites uréase-positives, comme *Proteus mirabilis* ou *Staphylococcus spp.*, qui produisent de l'uréase, une enzyme qui décompose l'urée en ammoniac, augmentant le pH urinaire et favorisant la précipitation des cristaux de struvite.
- Les calculs d'oxalate de calcium sont plus fréquents chez certaines races, comme le Shih Tzu, le Lhassa Apso ou le Yorkshire Terrier, et peuvent être liés à des facteurs alimentaires, tels qu'un excès de calcium ou d'oxalates dans la nourriture, ou à des troubles métaboliques, comme l'hypercalcémie.
- Les chiennes souffrant de calculs urinaires peuvent présenter des épisodes récurrents d'infections urinaires, même après un traitement antibiotique approprié, tant que les calculs ne sont pas éliminés.
Anomalies anatomiques
Certaines chiennes peuvent présenter des anomalies anatomiques congénitales (présentes à la naissance) ou acquises des voies urinaires, qui prédisposent aux infections urinaires. Parmi ces anomalies, on peut citer la sténose urétrale (rétrécissement anormal de l'urètre, rendant la miction difficile), l'ectopie urétérale (abouchement anormal d'un ou des deux uretères dans le vagin, l'urètre ou l'utérus, au lieu de la vessie), la vaginite chronique (inflammation persistante du vagin, souvent associée à une conformation vulvaire anormale, comme un repli vulvaire excessif) ou la présence de fistules (communications anormales entre la vessie et d'autres organes, comme le rectum ou le vagin). Ces anomalies, en entravant l'écoulement normal de l'urine, en favorisant la stagnation de l'urine ou en contaminant l'appareil urinaire avec des bactéries provenant d'autres organes, augmentent considérablement le risque d'infection.
Maladies sous-jacentes
Certaines maladies systémiques sous-jacentes peuvent affaiblir le système immunitaire de la chienne, altérer la composition de l'urine ou modifier le fonctionnement des voies urinaires, la rendant ainsi plus vulnérable aux infections urinaires. Le diabète sucré, par exemple, peut augmenter le taux de glucose dans l'urine (glucosurie), ce qui favorise la prolifération bactérienne et diminue la capacité des globules blancs à combattre l'infection. L'hyperadrénocorticisme (maladie de Cushing), caractérisé par une production excessive de cortisol, peut supprimer le système immunitaire et augmenter le risque d'infections de toutes sortes, y compris urinaires. L'insuffisance rénale chronique (IRC), quant à elle, peut altérer la capacité des reins à concentrer l'urine et à éliminer les déchets, favorisant la stagnation de l'urine et les infections. Enfin, certaines tumeurs de la vessie peuvent provoquer une inflammation chronique et une obstruction partielle, augmentant le risque d'infections secondaires.
Facteurs environnementaux et de style de vie
Les facteurs environnementaux et les habitudes de vie de la chienne peuvent également influencer de manière non négligeable le risque de développer une infection urinaire. Une mauvaise hygiène périnéale, par exemple, peut favoriser la prolifération de bactéries autour de la région génitale et faciliter leur ascension vers l'urètre et la vessie. Une hydratation insuffisante, entraînant une diminution du volume urinaire et de la fréquence des mictions, peut permettre aux bactéries de se multiplier et de coloniser la vessie. Une alimentation inappropriée, riche en protéines ou en minéraux, ou un manque d'exercice physique régulier, peuvent modifier le pH urinaire et favoriser la formation de cristaux ou de calculs urinaires, augmentant ainsi le risque d'infection. De plus, le stress chronique, un environnement insalubre ou le confinement prolongé peuvent affaiblir le système immunitaire de la chienne et la rendre plus sensible aux infections.
Reconnaître les symptômes : signaux d'alerte à surveiller
La détection précoce des symptômes d'une infection urinaire est absolument cruciale pour une prise en charge rapide, efficace et minimisant les complications potentielles. Les symptômes d'une infection urinaire chez la chienne peuvent varier considérablement d'un individu à l'autre, en fonction de la gravité de l'infection, de la présence d'autres problèmes de santé et de la sensibilité individuelle de l'animal. Cependant, certains signes cliniques sont plus fréquemment observés que d'autres et doivent alerter le propriétaire. Il est donc essentiel de surveiller attentivement votre chienne stérilisée et de consulter un vétérinaire dès l'apparition de l'un de ces signes suspects, même s'ils semblent bénins au premier abord.
Signes urinaires les plus courants
Les signes urinaires les plus courants et les plus spécifiques d'une infection urinaire incluent : la pollakiurie (besoin anormalement fréquent d'uriner, souvent en petites quantités, avec une sensation d'urgence), la dysurie (difficulté à uriner, caractérisée par des efforts de poussée, une miction lente et douloureuse), l'hématurie (présence de sang dans l'urine, qui peut être visible à l'œil nu ou détectée uniquement lors d'une analyse d'urine), l'incontinence urinaire (fuites involontaires d'urine, surtout pendant le sommeil ou lors d'efforts) et la strangurie (émission lente et douloureuse de quelques gouttes d'urine, avec une forte envie d'uriner). Dans certains cas, la chienne peut également présenter une polyurie/polydipsie (augmentation de la consommation d'eau et de la production d'urine), ce qui peut être lié à une maladie sous-jacente, comme le diabète ou l'insuffisance rénale, ou à une réponse compensatoire de l'organisme pour éliminer les toxines et les bactéries. Si votre chienne présente l'un de ces symptômes urinaires, même de manière intermittente, il est impératif de consulter un vétérinaire dans les plus brefs délais.
Signes généraux
En plus des signes urinaires, qui sont les plus évocateurs d'une infection urinaire, les chiennes souffrant d'une infection urinaire, surtout si elle est sévère ou chronique, peuvent également présenter des signes généraux, moins spécifiques mais néanmoins importants à reconnaître. Ces signes généraux peuvent inclure : la léthargie (manque d'énergie, abattement, diminution de l'activité physique), l'anorexie (perte d'appétit, refus de manger, amaigrissement), la fièvre (élévation de la température corporelle au-dessus de 39,2°C), les vomissements (surtout si l'infection s'étend aux reins) et la douleur abdominale (sensibilité accrue au toucher au niveau de la vessie ou des reins, pouvant se manifester par un gémissement ou une posture anormale). La présence de ces signes généraux, même isolés, associés à des signes urinaires, même légers, renforce fortement la suspicion d'une infection urinaire et justifie une consultation vétérinaire urgente.
Quand consulter un vétérinaire
Il est absolument impératif de consulter un vétérinaire dès l'apparition de l'un des symptômes mentionnés ci-dessus, qu'il s'agisse de signes urinaires ou de signes généraux. Une consultation vétérinaire rapide permet d'établir un diagnostic précis, en identifiant la cause de l'infection urinaire et en évaluant sa gravité, et de mettre en place un traitement adapté et personnalisé. L'auto-médication est formellement déconseillée et potentiellement dangereuse, car elle peut masquer les symptômes, retarder le diagnostic et permettre à l'infection de progresser, entraînant des complications potentiellement graves, comme une septicémie ou une insuffisance rénale. Seul un vétérinaire, après un examen clinique complet et des examens complémentaires appropriés, est habilité à prescrire un traitement antibiotique ciblé, à soulager la douleur et l'inflammation et à prévenir les récidives.
Diagnostic : les étapes clés pour identifier la cause
Le diagnostic d'une infection urinaire chez la chienne repose sur une démarche rigoureuse, combinant un examen clinique approfondi et la réalisation d'examens complémentaires ciblés. Le vétérinaire procèdera tout d'abord à une anamnèse (recueil de l'histoire médicale de l'animal auprès du propriétaire), puis réalisera un examen clinique complet de la chienne, en évaluant son état général, en palpant son abdomen et en examinant ses organes génitaux externes. En fonction des résultats de cet examen clinique initial, le vétérinaire prescrira ensuite les examens complémentaires nécessaires pour confirmer le diagnostic d'infection urinaire, identifier la bactérie responsable et rechercher d'éventuelles causes sous-jacentes ou complications associées. Ces examens complémentaires peuvent inclure une analyse d'urine complète (ECBU), des analyses sanguines et des examens d'imagerie médicale.
Examen clinique
L'examen clinique initial est une étape cruciale du diagnostic d'une infection urinaire, permettant au vétérinaire de recueillir des informations précieuses et d'orienter la suite des investigations. Cet examen comprend une anamnèse détaillée (interrogatoire du propriétaire sur les antécédents médicaux de la chienne, ses habitudes urinaires, ses symptômes actuels et les traitements déjà reçus), une palpation abdominale minutieuse (recherche de douleur, de sensibilité ou d'une vessie distendue) et un examen attentif des organes génitaux externes (recherche de signes d'inflammation, de rougeur, d'écoulement ou d'anomalies anatomiques). L'anamnèse permet au vétérinaire de mieux comprendre le contexte de l'infection urinaire et d'évaluer les facteurs de risque potentiels. La palpation abdominale peut révéler une douleur à la palpation de la vessie ou des reins, ou une vessie anormalement pleine ou vide. L'examen des organes génitaux externes permet de détecter d'éventuelles lésions, inflammations ou anomalies qui pourraient favoriser l'infection.
Analyse d'urine (ECBU)
L'analyse d'urine, ou examen cytobactériologique des urines (ECBU), est un examen de laboratoire essentiel pour confirmer le diagnostic d'infection urinaire, identifier la bactérie responsable de l'infection et évaluer la présence d'autres anomalies urinaires. Différentes techniques de prélèvement d'urine peuvent être utilisées, en fonction de la situation clinique et de la coopération de la chienne, notamment la cystocentèse (ponction directe de la vessie à l'aide d'une aiguille fine, sous contrôle échographique), le cathétérisme urinaire (introduction d'une sonde stérile dans l'urètre jusqu'à la vessie) et la miction spontanée (recueil d'un jet d'urine propre lors de la miction naturelle, après nettoyage de la région périnéale). L'examen microscopique de l'urine permet de rechercher la présence de bactéries, de cellules inflammatoires (globules blancs), de globules rouges (hématurie), de cristaux (cristallurie) et de cylindres urinaires. La culture bactérienne et l'antibiogramme permettent d'identifier avec précision les bactéries responsables de l'infection et de déterminer leur sensibilité aux différents antibiotiques disponibles, guidant ainsi le choix du traitement antibiotique le plus efficace.
Analyses sanguines
Les analyses sanguines ne sont pas systématiquement nécessaires pour diagnostiquer une infection urinaire simple, mais elles peuvent être utiles pour évaluer l'état général de la chienne, rechercher d'éventuelles maladies sous-jacentes ou complications associées à l'infection. La numération formule sanguine (NFS) permet de rechercher des signes d'inflammation (augmentation du nombre de globules blancs) ou d'anémie. La biochimie sanguine permet d'évaluer la fonction rénale (taux d'urée, de créatinine), de rechercher des signes de déshydratation (taux d'albumine) ou de détecter des anomalies métaboliques (taux de glucose, de calcium, de phosphore) qui pourraient favoriser les infections urinaires.
Imagerie médicale
L'imagerie médicale, telle que la radiographie abdominale et l'échographie vésicale et rénale, peut être utilisée pour rechercher des calculs urinaires, des tumeurs de la vessie ou des reins, des anomalies anatomiques des voies urinaires ou des signes d'inflammation ou d'infection rénale (pyélonéphrite). La radiographie permet de détecter certains types de calculs urinaires (radiopaques), comme les calculs de struvite ou d'oxalate de calcium. L'échographie permet de visualiser plus précisément la vessie et les reins, de rechercher des calculs non radiopaques, des masses tumorales, des dilatations des uretères (hydrouretère) ou des cavités rénales (hydronéphrose). Dans certains cas complexes, une cystoscopie (examen visuel de l'intérieur de la vessie à l'aide d'une caméra miniature introduite par l'urètre) ou un scanner abdominal peuvent être nécessaires pour affiner le diagnostic.
Traitements adaptés : options thérapeutiques et prévention
Le traitement d'une infection urinaire chez la chienne a plusieurs objectifs : éliminer l'infection bactérienne, soulager les symptômes cliniques (douleur, difficulté à uriner, etc.), prévenir les complications potentielles et minimiser le risque de récidives ultérieures. Le traitement repose principalement sur l'antibiothérapie, qui vise à tuer les bactéries responsables de l'infection, mais d'autres mesures de soutien peuvent être nécessaires, en fonction de la cause sous-jacente de l'infection et de l'état général de la chienne. La prévention des récidives est également un aspect essentiel de la prise en charge des infections urinaires, nécessitant une approche personnalisée et des mesures à long terme.
Antibiothérapie
L'antibiothérapie est le traitement de base et le plus important des infections urinaires bactériennes chez la chienne. Le choix de l'antibiotique doit être basé sur les résultats de l'antibiogramme, un test de laboratoire qui permet de déterminer la sensibilité des bactéries isolées dans l'urine aux différents antibiotiques disponibles. Il est crucial de choisir un antibiotique efficace contre la bactérie responsable de l'infection, afin d'optimiser les chances de guérison et de minimiser le risque de résistance bactérienne. La durée du traitement antibiotique est généralement de 7 à 14 jours, mais elle peut être prolongée en cas d'infection compliquée, de maladie sous-jacente ou de réponse clinique incomplète. Il est essentiel de respecter scrupuleusement les doses, la fréquence d'administration et la durée du traitement prescrites par le vétérinaire. Un contrôle de l'urine (ECBU) après la fin du traitement antibiotique est indispensable pour vérifier l'éradication de l'infection et s'assurer qu'aucune bactérie résistante n'est présente. Environ 15% des chiennes nécessitent un deuxième cycle d'antibiotiques.
Gestion des calculs urinaires
La gestion des calculs urinaires dépend du type de calculs (struvite, oxalate de calcium, etc.), de leur taille, de leur nombre, de leur localisation (vessie, uretère, rein) et de la présence ou non d'une obstruction des voies urinaires. Les petits calculs peuvent être éliminés spontanément par la miction, mais les gros calculs nécessitent une intervention spécifique. Une alimentation thérapeutique spécifique, formulée pour dissoudre les calculs de struvite (dissolution urinaire) ou pour prévenir la formation de nouveaux calculs d'oxalate de calcium, peut être recommandée à long terme. L'urohydropropulsion (technique consistant à injecter une grande quantité de sérum physiologique dans la vessie pour "chasser" les petits calculs dans l'urètre et les éliminer lors de la miction) peut être utilisée pour éliminer les petits calculs de la vessie. La chirurgie (cystotomie) est parfois nécessaire pour retirer les gros calculs qui obstruent les voies urinaires ou qui ne peuvent pas être dissous par l'alimentation. Dans certains cas, la lithotripsie (technique consistant à fragmenter les calculs à l'aide d'ondes de choc) peut être utilisée, mais elle est moins courante chez le chien.
Traitements complémentaires
En plus de l'antibiothérapie et de la gestion des calculs urinaires, d'autres traitements complémentaires peuvent être utilisés pour soulager les symptômes cliniques, favoriser la guérison et prévenir les récidives. Les analgésiques (anti-douleur) peuvent être utilisés pour soulager la douleur et l'inconfort associés à l'infection urinaire. Les anti-inflammatoires peuvent être utilisés pour réduire l'inflammation de la vessie et des voies urinaires. Certains compléments alimentaires, comme le D-mannose (un sucre qui empêche les bactéries d'adhérer à la paroi de la vessie) et l'extrait de canneberge (cranberry, qui acidifie l'urine et empêche la fixation des bactéries), peuvent aider à prévenir les infections urinaires récurrentes, mais leur efficacité est variable et ils ne remplacent pas un traitement antibiotique en cas d'infection active. Il est important de consulter votre vétérinaire avant d'utiliser des compléments alimentaires pour traiter une infection urinaire. Un régime alimentaire riche en eau (nourriture humide) peut aider à diluer l'urine et à favoriser l'élimination des bactéries.
- Le D-mannose est un sucre simple qui peut aider à prévenir les infections urinaires en empêchant les bactéries *E. coli* de se fixer aux parois de la vessie. La dose recommandée est d'environ 500 mg par jour pour une chienne de taille moyenne.
- L'extrait de canneberge (cranberry) contient des proanthocyanidines, des composés qui peuvent également empêcher l'adhésion des bactéries à la vessie. Choisissez un extrait de canneberge standardisé et suivez les instructions du fabricant.
- Un apport suffisant en eau est essentiel pour diluer l'urine et favoriser l'élimination des bactéries. Assurez-vous que votre chienne a toujours accès à de l'eau fraîche et propre.
Traitement de l'incontinence urinaire d'origine hormonale
L'incontinence urinaire d'origine hormonale, fréquente chez les chiennes stérilisées, peut être traitée par différentes approches, en fonction de la gravité de l'incontinence et de l'état général de la chienne. L'œstrogénothérapie substitutive (administration d'œstrogènes synthétiques) permet de compenser le manque d'œstrogènes et de restaurer la tonicité du sphincter urétral. Les alpha-adrénergiques (phénylpropanolamine) renforcent la contraction du sphincter urétral et réduisent les fuites d'urine. Dans certains cas, une combinaison des deux traitements peut être nécessaire. Il est important de discuter des avantages et des inconvénients de chaque traitement avec votre vétérinaire, car ils peuvent avoir des effets secondaires potentiels.
Gestion des maladies sous-jacentes
La gestion des maladies sous-jacentes, telles que le diabète sucré, l'hyperadrénocorticisme (maladie de Cushing) ou l'insuffisance rénale chronique, est absolument essentielle pour prévenir les infections urinaires récurrentes et améliorer la qualité de vie de la chienne. Le traitement du diabète vise à contrôler le taux de glucose dans le sang et à réduire la glucosurie. Le traitement de la maladie de Cushing vise à diminuer la production excessive de cortisol. Le traitement de l'insuffisance rénale vise à ralentir la progression de la maladie et à soulager les symptômes cliniques. Un suivi régulier par le vétérinaire est indispensable pour adapter le traitement et surveiller l'apparition de complications.
Mesures préventives
La mise en place de mesures préventives est un élément clé pour réduire le risque d'infections urinaires récurrentes chez les chiennes stérilisées. Ces mesures comprennent : encourager une consommation d'eau suffisante (en proposant de l'eau fraîche à volonté, en utilisant une fontaine à eau ou en donnant de la nourriture humide), assurer un accès facile et fréquent à l'extérieur pour uriner (en sortant la chienne régulièrement et en lui fournissant un endroit propre et sûr pour faire ses besoins), maintenir une bonne hygiène périnéale (en nettoyant régulièrement la zone génitale avec des lingettes douces ou de l'eau tiède, surtout après la miction ou la défécation), fournir une alimentation de qualité, équilibrée et adaptée à l'âge, à la race et à l'état de santé de l'animal (en évitant les aliments trop riches en protéines ou en minéraux) et effectuer des visites vétérinaires régulières (pour dépister précocement les problèmes urinaires et mettre en place un traitement approprié). La vaccination contre certaines infections bactériennes (comme *E. coli*) peut également être envisagée dans certains cas, mais son efficacité est variable.
- Assurez-vous que votre chienne a toujours de l'eau fraîche et propre à disposition, de préférence dans une gamelle en céramique ou en inox, facile à nettoyer.
- Nettoyez régulièrement la gamelle d'eau avec de l'eau chaude et du savon, pour éliminer les bactéries et les algues.
- Encouragez votre chienne à uriner fréquemment, en la sortant au moins 3 à 4 fois par jour, même si elle ne semble pas avoir envie.
- Évitez l'obésité, car elle peut augmenter le risque d'incontinence urinaire et de problèmes articulaires.
- Surveillez attentivement les signes d'infections urinaires (pollakiurie, dysurie, hématurie) et consultez rapidement votre vétérinaire en cas de doute.